Compte-rendu de la réunion du 3 juin 2006
Téléchargez ici le compte rendu de la réunion interrégionale Nouvelle Gauche du 3 juin
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Où en sommes nous 4 ans après le 21 avril 2002 ? Nul besoin de rappeler l’ensemble de la politique de la droite, qui met en pièce mois après mois nos principaux acquis sociaux, par une politique de régression sociale sans précédent. Le premier constat que l’on peut faire, au-delà de ce bilan désastreux pour ceux qui en souffrent au quotidien, c’est que quatre ans après le 21 avril, des leçons en ont été tirées par la droite et Nicolas Sarkozy : l’individualisme montant, la société de consommation qui se met en place sous nos yeux, où le vivre ensemble et la solidarité se délitent, la droite en a tiré parti non pas pour y remédier, mais bien au contraire pour promouvoir son modèle de société en les exacerbant.
Le modèle de société de la droite, c’est la mise en concurrence
des groupes sociaux les uns contre les autres, la guerre de tous contre tous,
des chômeurs contre les salariés et des salariés entre eux, des générations
entre elles, par une compétition de tous les instants dont le résultat n’est
que la prédominance de clivages artificiels sur la conscience collective. C’est
la promotion sans relâche de l’individualisme, de l’idée qu’il vous faudra
marcher sur la tête de votre voisin pour progresser. Cet individualisme, ce
consumérisme qui se développent, la droite a su en tirer profit pour en faire
sa politique.
Le deuxième constat est que ce sont sur ses valeurs que la
droite veut gagner, par la promotion d’une idéologie sécuritaire, la mise en
exergue de « classes dangereuses », un ultra-libéralisme décomplexé,
tout cela au nom d’un pragmatisme qui, revendiqué par la droite, signifie
régression des acquis sociaux et politique de classe favorisant les plus aisés.
La conséquence de tout cela, c’est que plus que
quelques politiques mises bout à bout, c’est un véritable modèle de société que
veut promouvoir la droite, et que nous devons analyser comme tel.
Un modèle de société à promouvoir, un horizon à définir
Face à cette droite, et Nicolas Sarkozy en particulier, qui
a décidé de gagner sur des valeurs, comme a réussi à le faire Bush, ce sera
uniquement en portant plus que jamais les nôtres que nous serons en capacité de
gagner en 2007. Face au modèle de société libéral et sécuritaire que défend la
droite, c’est un modèle alternatif qu’il faut développer, c’est notre propre
échelle de valeurs qu’il faudra imposer.
Plus qu’un catalogue de propositions, c’est un projet global
et un horizon de long terme que nous aurons à formuler, dans une société en
manque de repères. Si nous n’offrons pas de perspectives de long terme et
n’avançons pas suffisamment de réponses dans un univers d’incertitude
généralisée, comment s’étonner ensuite que la droite propose de réguler cette
incertitude par le marché et uniquement le marché ? L’horizon vers lequel
nous devons tendre, c’est le socialisme démocratique, porteur d’émancipation,
de justice sociale et de solidarité, parce que nous pensons que le politique et
la démocratie doivent primer sur la loi du marché, et qu’il est plus que jamais
nécessaire de partir à la reconquête des principes historiques de la gauche.
Un projet ambitieux, de nouveaux outils, une relation
étroite avec le mouvement social
Parce que nous n’avons pas renoncé à transformer la société,
avant d’être « raisonnables », nous devrons oser et inventer.
Oser dire quelles seront nos priorités et quels seront nos
objectifs à long terme. Oser dire quels
seront ceux que nous choisiront d’abord de défendre, à savoir les classes
sociales qui souffrent aujourd’hui de l’ultra-libéralisme ambiant, que ce
soient les classes populaires, les précaires ou encore les jeunes. Inventer de
nouveaux outils au service de ce camp, de nouveaux outils démocratiques et
politiques, pour se redonner les moyens de peser sur le cours des choses, au
niveau national comme au niveau mondial.
La priorité aujourd’hui doit être l’emploi et la question
sociale, qui doivent être au cœur du projet des socialistes. Quand 6 jeunes sur
10 entrent sur le marché du travail dans la précarité, quand le taux de chômage
avoisine toujours les 10% et que dans le même temps ces chômeurs sont poussés à
accepter n’importe quel emploi à n’importe quel salaire, quand les travailleurs
pauvres sont de plus en plus nombreux, et quand la précarité devient la règle
sur un marché du travail flexibilisé à outrance, nous nous devons d’offrir des
alternatives à ceux qui subissent un désastre social qui s’amplifie sous nos
yeux jour après jour.
Cela passe par une politique d’emploi volontariste, par une
politique industrielle réaffirmée et ambitieuse, par une reprise de la
réduction du temps de travail notamment. Face à la montée des contrats
précaires, à la société de travailleurs pauvres, nous devons faire le choix de
sécuriser les parcours professionnels et créer les conditions d’une
revalorisation générale des salaires pour enfin inverser l’évolution du rapport
entre le capital et le travail, défavorable aux salariés depuis maintenant 30
ans.
Nous devrons également apporter des réponses à une
mondialisation ultra-libérale dont nous ne pouvons rester les spectateurs
passifs en considérant ses ravages comme inéluctables. La mise en place
d’outils permettant de réguler le capitalisme financier doit être une des
priorités des socialistes, outils à rechercher tant au niveau de l’entreprise
elle-même, par une démocratie sociale effective, qu’au niveau national et
surtout européen, car nous ne pourrons prétendre remettre en cause l’ordre
libéral mondial avec une Europe dont l’hypocrisie envers les pays du Sud
atteint des sommets, lorsqu’elle défend les subventions à l’exportations ou
qu’elle prône la libéralisation des services en faisant pression en faveur de
l’Accord Général sur le Commerce des Services (AGCS).
Mais au-delà des propositions que nous pourrons formuler,
nous pensons qu’aujourd’hui dire ce que nous ferons ne suffit plus, il faut
également dire comment nous le ferons. La réforme d’institutions vieillissantes
et dépassées, et l’avènement d’une 6ème République parlementaire paraît ainsi
être une urgence démocratique et sociale, car ce sont les classes populaires
qui souffrent d’abord d’un système institutionnel à bout de souffle. La
situation actuelle prouve en effet une fois de plus que crise sociale et crise
démocratique sont intimement liées, car à l’ultra-libéralisme qui prive les
citoyens de l’exercice réel de leur souveraineté, s’ajoute la crise de
légitimité d’institutions qui ne leur donnent plus la parole : bien plus qu’une
lubie, le sursaut démocratique est désormais indispensable.
Dire comment nous mettrons en place notre politique, c’est
aussi réhabiliter l’impôt, en tant qu’instrument au service de la justice
sociale et d’une redistribution effective des richesses, et nous devrons
assumer leur augmentation, tout en nous efforçant de les rendre plus progressifs
et moins inégalitaires par une réforme fiscale de grande ampleur.
Cette lutte de tous les jours, de tous les instants, nous ne
pourrons le mener qu’avec les acteurs du mouvement social, qu’ils soient
syndicaux, mutualistes ou associatifs, par un partenariat qui ne soit en aucun
cas une subordination ou instrumentalisation. Parce que les grands changements
ne peuvent se produire sans une gauche qui sache écouter les mouvements sociaux
à l’œuvre, parce que nous refusons de considérer qu’il y a une gauche qui
légifère et une gauche qui descend dans la rue, nous voulons une gauche actrice
des rapports de force sociaux, une gauche de mouvement qui prenne des risques,
une gauche qui œuvre à la mobilisation des forces politiques et sociales pour
transformer la société, bref une gauche qui soit de toutes les luttes et de
tous les combats.
Choisir notre camp, porter l’alternative
Parce que la société a changé, que le monde a évolué, nous
devons apporter de nouvelles réponses. Mais parce que nous n’avons pas renoncé
à nos idéaux, ces nouvelles réponses ne pourront se limiter à une simple
« régulation » qui serait tout juste pansement aux dégâts du
capitalisme financier mondialisé. C’est bien pour un autre modèle de
développement que nous militons, où la démocratie et le progrès social ne
soient plus une utopie lointaine, un modèle global de société à l’opposé de
celui proposé aujourd’hui par la droite, en retrouvant notre sens des priorités
sociales et de l’ambition collective, en réanimant notre esprit de conquêtes
que nous n’aurions jamais dû perdre, car on ne peut gagner des combats que l’on
ne mène pas.
Lors du meeting national du MJS le 22 avril 2006, François
Hollande affirmait que nous avions à construire un projet pour la France. C’est
en effet le cas. Mais notre projet, s’il s’adresse à l’ensemble de la société,
ne peut se passer de priorités, et devra être construit d’abord en direction de
notre base sociale naturelle. En direction de ceux qui subissent, au quotidien,
depuis maintenant 4 ans, l’ultra-libéralisme. Ceux qui ne pourront supporter
cinq années supplémentaires de droite dure. Ceux qui représentent notre camp,
et que nous devons choisir de défendre, parce que nous faisons le choix d’être
partisans, de servir en priorité la cause de ceux pour qui un avenir meilleur
ne peut se traduire que par une alternative forte et un projet de
transformation sociale durable portés par des socialistes plus que jamais
déterminés et ambitieux.
Article de Thibault Morizur et Laurianne Deniaud, paru dans le journal interne du MJS 44
Le capitalisme a
définitivement gagné, dit-on. Nous devons l’accepter, et renoncer à le
dépasser. Et si finalement le système capitaliste pouvait être acceptable, créer
de la justice sociale, réduire durablement les inégalités ? C’est ce que
l’on entend parfois dans la famille socialiste ; c’est cette vision
de la « fin de l’histoire » qu’il est nécessaire de remettre en
cause.
Certes, une certaine maîtrise du capitalisme a pu
être développée par les socialistes et les forces syndicales, des modes de
régulation et de redistributions des richesses mis en place, des combinaisons
positives ont pu naître entre croissance et réduction des inégalités. Dans le
cadre du capitalisme, des progrès sociaux importants ont tout de même pu être
réalisés. Cependant cette croissance ne s’est-elle pas faite au détriment des
pays du Sud ? Observe-t-on dans le monde une réduction des écarts de
niveau de vie ces dernières années ? Les taux de pauvreté ont-ils
globalement diminué, les désordres mondiaux se sont-ils estompés ? La
réponse est assurément non.
Le capitalisme repose
sur une logique d’accumulation qui ne se préoccupe aucunement de la recherche
d’un bien-être collectif, son seul objectif étant l’augmentation de la
plus-value ou profit, le travail étant considéré comme un coût. Sa capacité
phénoménale d’adaptation et de changement l’a conduit à évoluer ces dernières
années, il s’est mondialisé, s’est financiarisé, à tel point qu’il limite
considérablement notre capacité à agir sur le monde et à promouvoir notre
modèle de société. Parce que le capitalisme a changé, nos analyses et nos
propositions doivent changer ; face à un capitalisme sauvage qui met en
concurrence les Etats, les régions, les salariés, qui fait pression sur les
salaires et la fiscalité, qui considère les travailleurs comme de simples
variables d’ajustement, et les ressources humaines et environnementales comme
infinies, nous devons faire le choix de réintroduire l’homme au cœur du système
économique.
Si nous n’avons pas actuellement
d’alternative globale au modèle capitaliste, il existe cependant des moyens de
remettre en cause la logique même du système. Ces solutions se situent tant
dans le champ de l’économie sociale et solidaire, que dans celui de la présence
des salariés au sein des conseils d’administration des entreprises, ou de la
création d’un nouvel indicateur de richesse.
Repenser les modes de
production, c’est en effet repenser l’ensemble de notre rapport au capital, et
dénoncer son accumulation dans les mains de quelques uns au détriment du
bien-être collectif. C’est prendre en compte toute la dimension de l’économie
sociale et solidaire, centrée sur la
redistribution des richesses et son sur leur accumulation, et refusant que la
notion de profit au sens capitaliste du terme intervienne dans son champ
d’action. Au travers de ce mode de développement innovant, c’est une remise en
cause de la logique d’accumulation du capital qui s’opère, tout en ayant prouvé
son efficacité : l’économie sociale et solidaire emploie aujourd’hui plus
de 2 millions de personnes et représente 5% du PIB.
Réfléchir à un nouveau
modèle de développement, c’est aussi porter le combat de la démocratie sociale
au sein des entreprises, qui peut permettre de renverser la logique capitaliste
du propriétaire (l’actionnaire, de plus en plus) qui décide seul. Imposer au
sein des conseils d’administration 30% des droits de vote pour les salariés,
est à la fois une exigence sociale, démocratique et économique : parce
qu’ils participent à la création de richesses, les salariés doivent avoir la
possibilité de participer à la prise de décision et au partage des bénéfices.
De l’économie sociale à
la participation des salariés aux décisions prises en conseil d’administration,
c’est finalement rien moins que l’appropriation démocratique des moyens de
production qui se dessine. Au delà de ces remises en question de la logique
propre au capitalisme, c’est un nouvel indicateur de richesse qu’il faudra substituer
au PIB, dont la mesure est indifférente à la répartition des richesses, aux
inégalités, à la pauvreté. Des indicateurs
prenant en compte le niveau d’éducation, l’environnement, les inégalités, en
bref le bien-être individuel et collectif pourraient être mis en place, ce qui
remettrait en cause la logique même de la mesure de la croissance telle qu’elle
est effectuée aujourd’hui.
A la lumière de ces quelques
pistes proposées, qui, si elles ne révolutionnent pas les modes de production,
permettent de retrouver une certaine critique du système capitaliste de
production, on entrevoit mieux l’horizon qui doit être le nôtre, celui du
dépassement du capitalisme, au delà de sa simple régulation. C’est là toute la
différence avec la pensée sociale-démocrate. Quand la social-démocratie considère
que l’on doit se contenter du cadre capitaliste pour mener notre politique et
se limiter à le réguler, nous devons au contraire considérer cette
social-démocratie uniquement comme un moyen et non comme une fin. Nous sommes certes
conscients de la domination du capitalisme et de l’absence actuelle d’alternative
réelle à son mode de fonctionnement, car la fin du capitalisme ne se décrète
pas, de même qu’un système alternatif ne peut être construit de toute pièce, et
nous sommes tenus de prendre en compte cet état des choses. Pour autant le
capitalisme ne se choisit pas, il est une contrainte : nous ne pouvons
arrêter notre réflexion à sa simple régulation, et c’est bien à sa remise en question
incessante que nous devons oeuvrer, pas à pas, par un réformisme audacieux,
sans renoncement, pour faire en sorte, comme le disait Jaurès, que les salariés
cessent « d’être un mécanisme pour être une liberté ». Nous ne
pouvons nous satisfaire d’un mode de répartition dominant qui va à l’encontre
de nos valeurs d’égalité, de progrès et d’émancipation de l’individu. Nous ne
pouvons nous satisfaire des éternels discours sur le « réalisme »,
sur le « on ne peut aller au delà de ce qu’il est possible de faire aujourd’hui
». Car être socialiste, c’est vouloir
transformer le réel et remettre en cause l’ordre établi. Etre socialiste, c’est
vouloir élargir le champ des possibles pour mettre en œuvre un réel projet de
transformation sociale.
Le philosophe et homme
politique italien Gramsci disait être « pessimiste par l’intelligence,
optimiste par la volonté ». Le constat de l’actuelle hégémonie sans
partage du capitalisme ne peut que nous rendre pessimiste à très court terme.
Mais parce que nous conservons la volonté de retrouver un volontarisme
politique, de retrouver des idées et des alternatives, de ne pas se contenter
des incantations sur la régulation, nous devons être optimistes quant à notre
capacité à porter de nouvelles espérances et de nouvelles réponses.
Parce que nous possédons
cette volonté, parce que nous faisons le choix d’engager un combat global pour
changer les esprits et faire comprendre que des alternatives peuvent exister, parce
que nous croyons au socialisme démocratique, le capitalisme ne peut avoir
définitivement gagné.
Crée en 1994, Nouvelle Gauche rassemble des militants politiques -pour la plupart formés au Mouvement des Jeunes Socialistes-, des militants syndicaux, associatifs et mutualistes, qui souhaitent mettre en commun leurs expériences respectives au service de la transformation sociale.
L’identité politique des militants de Nouvelle Gauche ne découle pas d’un événement fondateur particulier mais s’est forgé dans les combats politiques et électoraux des années 90, en particulier dans l’animation des mouvements et des mobilisations de la jeunesse : révision de la Loi Falloux et CIP sous le gouvernement Balladur, mouvements étudiants et lycéens de 95 et 98, lutte contre le FN, abrogation des Lois Pasqua-Debré ou reprise des essais nucléaires par Jacques Chirac.
L’orientation politique de Nouvelle Gauche s’articule autour de quatre grandes idées fondatrices :
- un rapport critique et décomplexé de la gauche au pouvoir : nous pensons que le seul risque que court la gauche de gouvernement, c’est de se renier et de ne pas être elle-même. Nous plaidons pour une gauche de mouvement, qui prend tous les risques loin des équilibres statiques, des tentations libérales, loin de cette gauche de compromissions qui abdique toute volonté de réformer la société une fois parvenue au pouvoir ; nous défendons une gauche qui refuse les dogmes, les certitudes et les évidence, une gauche fidèle à sa vocation première qui est d’être aux côtés de ceux qui souffrent, de faire progresser l’idéal de justice sociale, de donner aux hommes et aux femmes les moyens de leur autonomie et une maîtrise collective de leur destin.
- une contestation radicale des règles libérales qui régissent l’organisation de la société : nous devons mener une véritable « bataille culturelle » et systématiquement opposer aux valeurs libérales hégémoniques, aux mode de vies consuméristes et standardisées fondés sur le profit et la rentabilité, nos propres valeurs collectives à tous les niveaux : intérêt général, égalité des chances, régulation par la puissance publique, solidarité, coopération, gratuité, entraide… Pour nous, les services publics, le système de protection sociale et les mécanismes de redistribution des richesses, en particulier la fiscalité progressive, sont les instruments privilégiés au service de cette ambition alternative à la marchandisation de la société;
- des convictions internationalistes au service d’une autre mondialisation : nous voulons une réponse politique forte à la mondialisation libérale, ce qui suppose la mise en place de régulations, de contre-pouvoirs politiques, économiques et sociaux au niveau européen et planétaire, à commencer par de nouvelles institutions internationales dont l’objectif premier doit être la satisfaction des besoins fondamentaux des populations et le développement humain. L’Europe fédérale, politique, démocratique et sociale en tant que modèle de civilisation alternatif est pour nous le levier d’une autre mondialisation.
- un partenariat étroit avec le mouvement social : l’action politique ne se résume pas à l’engagement politique. Nous voulons une gauche actrice des rapports de forces sociaux, sans lesquels les dynamiques de changement ne sont pas possibles. La transformation de la société implique une confrontation, un va-et-vient permanent entre le politique et la sphère sociale, tout en respectant son autonomie.
Fort de cette orientation, Nouvelle Gauche se fixe pour ambition :
- une repolitisation de la société qui passe par la réhabilitation du clivage gauche-droite dont l’effacement est source de confusion politique et de désaffection civique et par un questionnement de tous les instants sur la répartition des pouvoirs et des richesses aujourd’hui largement confisqués par une sphère financière qui menace la démocratie ;
- la transformation en profondeur du PS et de son mode de fonctionnement trop hermétique et codifié : le renouvellement du PS est d’abord une question d’ouverture : nous voulons un parti à l’écoute des respirations de la société, représentatif de toute sa diversité sociale et relais des aspirations de ceux qu’il se doit de représenter, à savoir les exclus, les classes populaires et moyennes ;
- la reconquête du terrain militant par les idées : notre conception de l’engagement basé sur un dialogue exigeant avec les citoyens et la capacité de conviction est à l’opposé de celle incarnée aujourd’hui par les notables établis de tous bords prompts à épouser l’air du temps et à confondre proximité, clientélisme et paternalisme.
Tribune sur les caricatures de Mahomet, par David Lebon, ancien président du MJS (publiée en février 2006)
Derrière les manifestations de colère contre les caricatures de Mahomet publiées dans des journaux européens se joue le combat d’une vision du monde et donc de son avenir. Car ce qui se joue derrière les manifestations actuelles c’est avant tout une conception du monde attaquée par une autre. Celle d’un monde où la liberté est universelle, que la gauche française a toujours appelée de ses voeux, contre celle d’une droite dure, fondée sur les communautés et la religiosité. Derrière le débat sur la liberté de la presse, c’est le débat sur la liberté tout court, c’est le débat sur la liberté de croire et de ne pas croire, c’est le débat sur la société de demain qui se joue.
Ce combat a déjà eu lieu dans notre pays, même si rien n’est acquis. Il faut aujourd’hui le mener au niveau international. Il n’est plus acceptable de s’entendre dire que les libertés publiques sont des concepts occidentaux qui ne s’exportent pas ou alors par néocolonialisme, que nous devons comprendre les différences et donc mettre nos valeurs sous le coude. Ce qui est certain, c’est que la fascisme et le totalitarisme semblent pour leur part être universels.
Ce combat c’est le même que nous avons mené contre la vision du monde de Georges BUSH : la vision du monde de ce grand prélat et la même que celle reprise par ceux qui brûlent des drapeaux aujourd’hui et qui piétinaient des drapeaux américains il y a peu. Le camp du bien contre celui du mal (chacun ayant son point de vue sur le possesseur du bien). L’Islam est aujourd’hui instrumentalisé par des militants pour démontrer qu’ils sont attaqués dans leur intime, leurs convictions Comme d’ailleurs Mahomet est instrumentalisé par ces extrémistes pour faire des attentats. C’est sans doute le sens de cette caricature de Mahomet avec une bombe sur la tête. Ce ne sont pas les musulmans qui sont visés mais bien ceux qui utilisent la religion pour donner la mort. Tout comme le Dieu catholique est instrumentalisé par GW BUSH dans sa croisade et bientôt sa conception de l’évolution humaine. Il a des bombes et des tanks, ils ont les caméras de télévision. Ils savent les utiliser et veulent nous entraîner dans un combat où le pathos sera l’arme décisive, où le sentiment de culpabilité nous fera baisser la garde et nous rendra aveugle sur ce qui se joue réellement derrière cette affaire. Racistes ! Voilà. Le mot est lâché ! Ceux qui défendent ces dessins sont forcément des racistes… Et ceux qui les subissent forcément des opprimés…
Qu’un musulman puisse se sentir stigmatisé par ces dessins est une chose, que l’on menace de tuer à cause d’eux en est une autre. La réponse ne peut pas être la remise en cause de la liberté. L’introspection, le doute font parti de la foi. La certitude, les menaces qui en découlent, non.
La guerre des civilisations se déroule devant nous et nous sommes sommés de choisir un camp. Et bien, faisons le. Pas celui des américains ou des manifestants du jour. Ils sont dans le même. Non, celui de ceux qui ne partagent pas l’idée que ces « civilisations » sont irréconciliables, que l’affrontement n’est pas la solution, que la religion a trop longtemps mené l’Histoire des Hommes dans l’impasse. La guerre des mondes n’est pas l’avenir inéluctable de notre planète. Des Hommes et des Femmes de toute part espèrent cette alternative. Ceux qui ne peuvent parler librement dans des pays où la liberté de la presse n’existe pas et ceux que les méfaits du libéralisme contraignent à ne plus croire en eux et leur dignité ne peuvent avoir aucun espoir dans la vision du monde qui se propage actuellement.
A l’heure où le socialisme se cherche, c’est dans l’internationalisme qu’il doit puiser la force de repartir vers l’avant. L’internationalisme c’est avant toute chose, avant même l’idée d’alliance entre le peuple, une vision du monde, un projet. C’est au nom de ce projet, pour assumer le rapport de force que les peuples doivent s’unir.
Alors soyons internationalistes, les militants de gauche partout dans le monde attendent du socialisme qu’il redevienne une idéologie globale alternative à celles dominantes aujourd’hui. N’ayons pas peur de nos convictions.